Camouflage self-portrait
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installation
multimédia
| 2018
vidéo (5') + documentation de la performance + interactivité via internet
réalisation Aliénor Vallet
production Artvidéo Lab
série UTOPIA
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par Simone Dompeyre, Commissaire artistique des Rencontres Traverse Vidéo (Toulouse)
Autodérision comme sauvegarde ou la performance comme mode de vie. La vidéo se fait mode d’emploi du comment être soi sous une image concertée de l’autre et dans une supposée triviale mais trop fréquente nécessaire recherche d’emploi. Très proche des home videos, des journaux, Camouflage self-portrait relate certains moments clefs d’une action menée durant six mois où l’artiste gardant son nom mais changeant de prénom, répond, suivant des conseils de tutoriels, à des demandes d’emploi voire envoie des candidatures spontanées sur le net, par téléphone, est convoquée à des entretiens et subit des refus. Elle choisit les moments de traduction d’elle-même en une autre, se faisant aider dans son maquillage avec perruque, se faisant photographier, ou se filmant « autre » : main en amorce avec Paris derrière sa fenêtre, alors qu’elle rédige ses courriels ou en synecdoque du petit déjeuner, bacon grillant avec deux œufs esquissant un visage.
Elle compose son aventure – au sens double du genre fictionnel et de ce qui peut se vivre dans le réel. Et en distingue des épisodes qu’elle se plaît à intituler en détournant des « sentences » de notre culture du « être ou ne pas être » d’un Hamlet, du « je est un autre » rimbaldien à « je pense donc je suis » cartésien de même qu’elle y inscrit le mot « Utopie ». Cette utopie qu’elle préfère l’écrire UTOPIA, en majuscule sur papier collé, d’emblée à l’envers, puis à l’endroit puis à la verticale et qu’elle place derrière elle, mais en hors cadre de sa prise de photo d’identité.
Elle y dirait le désir de ce lieu idyllique ou du moins du bonheur simple mais son option du titre de Thomas More, qu’il composa en 1516, en rapprochant le préfixe privatif grec οὐ/ou, de τόπος/topos, le lieu pour désigner ce lieu qui n’est nulle part, elle, elle y lit le doute sur son accession.
Ou bien la performance est ce topos sans lieu toujours à recommencer pour « être/je et un autre dans la pensée de sa composition. »
Laure n’est pas un personnage de fiction mais une identité virtuelle m’ayant réellement remplacé dans ma recherche d’emploi pendant plusieurs mois : Laure a répondu aux offres, suivi les conseils de Pôle Emploi, passé un entretien d’embauche, essuyé de nombreux refus… au risque de se rebeller contre sa condition.
Camouflage self-portrait retrace une performance que j’ai menée pendant près de 6 mois sous forme de jeu de rôle visant à interroger le statut des identités virtuelles et les normes qui construisent la relation entre identité personnelle et professionnelle.
Camouflage self-portrait se compose d’une vidéo et de courriers qui témoignent du "parcours du combattant" d’une chômeuse et des accessoires utilisés pour la performance.
L’installation propose une interaction avec le public invité, à l'aide d'une tablette connectée à internet, à s’immerger dans cette recherche d’emploi sur un réseau social professionnel et la boite mail de Laure.
expositions / festivals
2020 pavillon « available now! », @The Wrong biennale (Brésil)
2019 pavillon « available now! », @The Wrong biennale (Brésil) | FILE, Art Galerie d'art du Centre Culturel FIESP, Sao Paulo (Brésil) | Intermediate, The Modern Art Museum of Fort Worth (Texas, USA) | Traverse Vidéo, isdaT Ecole des Beaux Arts, Toulouse
2018 Muestra Movimiento Audiovisual, Paseo Chapultepec, Guadalajara (Mexique) | macparis salon de printemps, Bastille Design Center (Paris)